Papillons
Papillons
Je travaille sur la question du déchet, du rebut, des petits objets de la vie quotidienne jetés à la poubelle. Il s’agit ici de cartes postales gratuites que je découpe sous la forme délicate et séductrice de papillons.
Des produits de la société de consommation, des supports de communication, qui ont une durée de vie limitée, aussi éphémère que la vie des papillons.
J’essaie de donner une seconde vie à ces « riens », les revitaliser en objets de contemplation que suscitent les papillons mais aussi sujets d’interrogation que posent certaines cartes postales.
Beaucoup d’entre elles délivrent des messages de prévention telles l’alcoolisme, la prostitution, la violence conjugale, la maladie, l’homophobie, etc… Des genres humains considérés comme « rebuts » de la société.
L’humain est aussi fragile que le spéci-men papillon.
J’y célèbre la laideur ou la violence faite à la figure. Le corps est outragé, disloqué, mais sublimé sous une enveloppe légère et attirante. La beauté naturelle des lépidoptères touchent, attirent et insidieusement délivrent ses messages répulsifs. Hanté par l’angoisse existentielle d’un homme sans espoir d’au-delà, l’œuvre est traversée par la souffrance, le deuil mais aussi par le chatoiement, le bruissement des couleurs, de la vie. Simplement l’être.
Ces deux « animaux » démontrent leurs fêlures réciproques, la beauté et la fragilité de la vie.
Cette précarité est ma façon de dire ma tendresse pour la vie, conscient de la comédie humaine. Une critique de la jouissance matérielle réinterprétée sur un ton grave et ludique à la fois. Ces humbles objets ciselés questionnent l’universel. Je propose un instant, suspendu, qui épingle l’animalité de l’homme. Mais la « bête tapie en nous » s’humanise en même temps transcendée, magnifiée en papillons. J’ai pris parti de la légèreté face à la gravité de l’existence. Entre beauté et angoisse, fascination et effroi, le monde visible se manifeste en moi « comme une inquiétante étrangeté », une apocalypse joyeuse. Exalté, je choisi de m’adresser au spectateur dans le but, tout relatif, de le surprendre ou de le renvoyer à un doute plus intime. De le convaincre que nous vivons entre terre et ciel.